mercredi 15 octobre 2014

Pause d'automne

Le blog est un peu en sommeil ces derniers temps. Pas que je manque de choses à raconter, bien au contraire... mais j'ai du mal à gérer mon agenda en ce moment...


La préparation de l'agrégation, le boulot au lycée, quelques activités de recherche gardées pour qu'on ne m'oublie pas (maintenant que j'ai arrêté ma thèse, je suis devenue invisible pour les autres chercheur·e·s), gérer le blog Tintama(r)re, soutenir les grenouilles que j'aime, faire des bêtas off, etc.

J'ai une dizaine de fiches de lecture à terminer pour ce blog-ci et pour le challenge "SFFF au féminin", ma novella à avancer, deux nouvelles à écrire pour le 30 novembre (AT Piments & Muscade et AT Quantpunk)...

Et puis je n'en n'ai toujours pas terminé avec l'administration... mes journées sont régulièrement ponctuées de :

Côté philo, il y avait la première dissertation à faire ce week-end. Que je n'ai pas réussi à écrire, par manque de temps, etc. Je loupe la majorité des cours à cause de mon boulot alimentaire, et les profs font preuve pour beaucoup d'une remarquable indifférence aux contraintes des étudiant·e·s, c'est à nous de nous débrouiller pour récupérer les cours, les polycopiés, les bibliographies... alors même que la fac est équipée d'une plateforme Moodle.
Ayant pris du retard dans mes lectures et mon rattrapage de cours, je vois les autres avancer dans leur préparation tandis que j'ai l'impression croissante d'être à la traîne...


Grosse fatigue, donc...

Je compte bien faire le NaNoWriMo de novembre, pour la première fois. Pas question de laisser tomber l'écriture. J'espère seulement ne pas regretter ce choix en mars, devant ma copie aux épreuves écrites...

Baklavas et scrounchs, j'vous aime !

dimanche 31 août 2014

Ma vie en GIF

Bon, en attendant une nouvelle chronique de lecture pour le challenge SFFF au féminin (en retard, je suis en retard !), j'ai réalisé hier qu'Agnès Marot m'avait taguée pour le jeu "Ma vie en GIF"... la coquine (qui se venge du Book Blogger Test).

Le principe : vous raconter sa vie en .GIF (j'adore les GIF, mais ça a été une de ces galères à trouver...)
  • On nomme la personne qui nous a tagué
  • On associe un gif à chaque mot proposé par la personne en question.
  • On choisit 5 mots à notre tour.
  • On tague 5 personnes.


Donc voici ma participation, avec les cinq mots choisis par Aelys.
Ont aussi participé :


Angoisse

Ce GIF est tiré des courts-métrages Peur(s) du noir, que je serais bien incapable de regarder.

Je cumule pas mal d'angoisses : les escaliers, les fonds sous-marins, les blessures oculaires, etc.
Mais les deux choses qui m'angoissent le plus sont l'obscurité et les violences sexuelles (ayant été harcelée, agressée et violée au cours des quinze dernières années, j'ai matière à...).
Aujourd'hui encore, je ne ferme jamais complètement les volets, afin d'avoir un minimum le lumière la nuit, lorsque/si je me réveille. J'en ai longtemps eu honte, parce que la peur du noir, c'est censé être une peur d'enfant. Mais zut, hein. J'ai peur du noir, point final.


Espoir


J'espère pouvoir commencer à visiter le monde, d'ici deux ou trois ans. Le temps d'avoir un boulot qui me permette de remettre des sous de côté et de voyager. Un pays par an, ce serait top. (Un petit quelque chose me dit que la Roumanie sera en tête de liste...).
J'ai déjà été en Allemagne (Köln, Frankfurt, Baden-Baden), en Angleterre (London, Oxford) et en Suisse (Lausanne, Genève). Merci les voyages scolaires et les colloques internationaux. Sachant qu'on ne voit pas grand-chose quand on passe trois jours enfermée dans un amphi avec une poignée d'universitaires en mode total geeks...


Rêve

Rêvasser les yeux grands ouverts, c'est tellement agréable !
Bastian roxx, Falcor roxxxxx... NeverEnding Story, YEAH !!!

"La tête dans le nuages", ça a été un commentaire récurrent sur mes bulletins scolaires... J'adore me faire des sketches dans ma tête, tisser toute une histoire ou un poème à partir d'une impression, d'une vue ou d'une écoute. En revanche, je ne garde que rarement souvenir de mes rêves nocturnes...
Et je rêve de pouvoir un jour partager mes histoires en publiant des nouvelles et des novellas.


Émotion


On m'a souvent dit que tout ce que je pense et ressent se lit "à livre ouvert" sur mon visage et dans mon attitude. Du coup, j'ai passé des années à m'entraîner à être impassible. En vain. Quand j'essaie de rester impassible, on me demande si je fais la gueule...
Alors j'assume... oui, je vis littéralement les films que je regarde, à l'immense consternation et joie de mes potes. Oui, je suis capable de rire et de pleurer en lisant/regardant pour la énième fois un livre/film/épisode. Oui, je suis toujours excessive dans mes manifestations émotives. Je saute, je bats des mains, je tape dans les murs et je hurle facilement.
Et forcément, ça ne fait pas de moi la reine des diplomates... 
Bon, parfois, ça peut causer des situations embarrassantes... comme en juin dernier, où dans le bus à Paris, je me marrais toute seule parce que je me faisais des sketches dans ma petite tête, et qu'un SDF a cru que je rigolais de lui (qui parlait tout seul depuis 10 mn) et s'est mis à me hurler de dessus.


Lecture




Ô surprise, je suis papivore. Je lis encore souvent plus tard, beaucoup plus tard, que c'est raisonnable. Je continue de tourner en rond dans les couloirs des bibliothèques avec la furieuse envie de tout emprunter, tout lire. Les festivals littéraires sont un supplice de Tantale.
Travailler à la BnF a été une opportunité dont je n'avais jamais rêvé, parce que j'ignorais qu'elle fût possible. J'ai profité de chaque minute passée dans les magasins des départements ScT et Réserve (même si ça m'a bousillé les mains et le dos).
Je n'imagine pas vivre sans livre. Et j'espère un jour apporter ma contribution à Fantasia.


Voilà...

Mes cinq mots :
  • Cauchemar
  • Attente
  • Amour
  • Rire
  • Encre


Presque toutes les personnes que je connais ont déjà été taguées, sauf celles-ci... donc si le cœur leur en dit :

lundi 4 août 2014

Sur quelques nouvelles de Julie Conseil (Challenge "SFFF au féminin")

Ce billet est une première contribution au challenge "SFFF au féminin" lancé par Tigger Lilly en mars dernier.


L'auteure dont je souhaite vous parler n'a pas encore publié de recueil de nouvelles, ni de novella ou de roman. Je n'ai pour le moment lu que trois nouvelles d'elle, mais je suis déjà fan.

Julie Conseil, c'est qui ?


Dans les petites biographies offertes par les anthologies et les revues, on apprend ceci : Julie Conseil est ingénieure et exerce le métier de consultante en finance.
Pour une liste (incomplète) de ses publications :  http://www.noosfere.org/icarus/livres/auteur.asp?numauteur=2147190519

À mon grand regret, je n'en sais pas plus... elle n'a apparemment ni blog, ni site ; et n'étant pas moi-même présente sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, et Cie), j'ignore si elle y a ouvert une page.
Voilà... si quelqu'un·e en sait davantage, je suis preneuse...

Les nouvelles


Du moins, celles que j'ai lu et dont je suis en mesure de vous parler.
*Attention, ces chroniques contiennent des spoilers.*

  • « Les Racines chantantes d'Icarie », AOC, n°26, novembre 2012, pp. 29-41.

2e prix du concours Visions du Futur 2012 organisé par le Club Présences d'Esprits.

Ma première rencontre avec l'auteure. Un petit coup de foudre.
J'ai acheté ce numéro d'AOC au festival Zone Franche (2014), à l'origine parce qu'il s'y trouve deux autres nouvelles qui m'intéressaient : « Furie Furry » de dvb (1er prix) et « De spiritiS » de Tesha Garisaki (3e prix).

Le genre : SF
L'histoire : Grâce à l'exploration galactique, les sourds ont peut-être trouvé leur Eldorado : la planète Icarie, qui produit un bruit de fond si puissant qu'il rend fous les entendants. Pour Sullivan en tous cas, après l'accident qui lui a coûté son ouïe, c'est une chance de reprendre du service... (résumé de l'auteure).

Avis perso : Des histoires qui mettent au premier plan des personnages "handicapés", ce n'est pas courant. Des intrigues qui ne prennent pas le handicap comme faire-valoir d'un autre personnage non-handicapé ou qui n'en font pas un obstacle à surmonter ou encore l'occasion de découvrir/acquérir une autre capacité (naturelle, surnaturelle ou paranormale), c'est encore plus rare.
Dès le départ, le héros, Sullivan, est dans une position délicate. Devenu sourd, il ne fait plus partie de la majorité et de la norme, celles des entendants, sans pour autant être pleinement accepté par les non-entendants car sa surdité n'est pas de naissance. Les premiers tentent d'exploiter la surdité de Sullivan en l'envoyant sur Icarie infiltrer le groupe d'exploration (composé d'hommes uniquement) et les seconds lui réservent un accueil glacial, lucides sur le rôle que doit jouer Sullivan. Au final, l'unique allié du héros se trouve être l'un des scientifiques, cyborg plus machine qu'homme.
Entendants et sourds se positionnent clairement comme Autres respectifs. Jusqu'à ce que des Autres locaux se manifestent sur Icarie, de manière plus qu'inquiétante... Pris entre les deux camps, attiré par le troisième, Sullivan ne sait plus où donner de la tête...
Il y a quelque chose du film d'épouvante et du conte horrifique dans la façon dont Julie Conseil fait deviner la présences des Icariens, par petits détails et traces inquiétantes, dont elle fait perdre progressivement tous ses repères à son personnage principal, jusqu'au jeu de massacre final.
Le vrai sujet de la nouvelle n'est pas tant l'ouïe comme l'un des cinq sens, que l'oreille interne, organe de l'équilibre. L'expression "déséquilibre".

Où la trouver ? : sur la boutique du Club Présences d'Esprits

  • « Les lavandières de la nuit », Malpertuis V, éd. Malpertuis, coll. "Brouillards", 2014, pp. 135-147.

Le genre : Fantastique
L'histoire : Un homme, accompagné de son épouse et de sa fille, retourne dans son village natal afin d'assister à l'enterrement de son parrain. Il y retrouve sa sœur aînée, célibataire et sans enfants, qui habite dans la demeure familiale. La lecture du testament de son parrain lui réserve une surprise de taille : son parrain lui lègue tout et s'avère être son père biologique. Hanté par des cauchemars aux répercussions bien réelles, le narrateur va de révélations en révélations, jusqu'au lever de voile final.

Avis perso : La nouvelle mêle drame psychologique et épouvante sur fonds de secrets familiaux glauques. Peu de mystère(s) ici, on comprend assez rapidement de quoi il retourne. Ce qui est intéressant, c'est l'aveuglement crasse et obstiné du narrateur, égocentrique et phallocrate. À l'image de ce parrain qu'il idolâtrait, le narrateur néglige et même nie les sentiments, propos et souvenirs des protagonistes féminins. Cependant, contrairement à cet homme, le "héros" n'a rien d'un prédateur sexuel. Il est plutôt passif, se laissant dominer autant par les évènements que par ses cauchemars.
Quant aux femmes, elles n'ont pas vraiment le beau rôle. L'épouse du narrateur est mal à l'aise mais l'exprime sur le mode de la contradiction et de la dispute, ce qui ne manque pas de braquer le narrateur et de le rendre entêté. La sœur est une boule de haine et de rancœur, victime et bourreau à la fois.
Les lavandières de la nuit sont une légende inconnue du narrateur, et je ne la connaissais pas non plus. Rétrospectivement, je ne crois pas que ça ait nuit à ma lecture, mais peut-être l'aurais-je davantage appréciée.
La chute de la nouvelle est à la hauteur de son sujet : horrible, triste et cruelle.

Où la trouver ? : sur le site des éditions Malpertuis.

  • « Chaney ou Le Festin de barbe à papa », Zombies et autres infectés, éd. Griffe d'Encre, 2014, pp. 89-107.

Le genre : Fantastique
L'histoire : Chaney est aujourd'hui un forain comblé et fier de son train fantôme. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Il y a très longtemps, Chaney fut un mari et un beau-fils obéissant, et il y a encore plus longtemps, un petit garçon battu par son beau-père alcoolique. Un petit garçon avec de drôles d'amis : une troupe de théâtre composée de zombies comédiens et cabotins.

Avis perso : Une nouvelle très touchante, avec un héros qui ne cherche pas à (se) prouver quoi que ce soit, qui ne court après rien en particulier. Même son enfance sordide est banale, décrite comme une un mauvais moment, un passé qui a à la fois l'éclat du cauchemar et le flou du souvenir lointain. Son mariage est fade, il n'y manifeste aucune réelle volonté, aucune émotion vive si ce n'est l'ennui. Ces deux étapes sont des échecs familiaux, ponctués de sauvetage par ceux et celles qui deviendront sa vraie famille : la troupe de théâtre zombie, à la recherche pour sa part d'une maison.
« Chaney », c'est l'histoire de personnages qui se trouvent et qui s'aident mutuellement à être plus heureux, plus vivants.
Contrairement aux deux autres nouvelles dont je viens de vous parler, celle-ci est résolument optimiste et joyeuse à sa manière, touchante aussi. Une de mes préférées de cette anthologie Zombies.

Où la trouver ? : aux éditions Griffe d'Encre.


Et pour la suite ?


Deux nouvelles (au moins) de Julie Conseil sont à paraître.
  • « Famille Waldeck, cité Tomate », AOC n°34, novembre 2014.
3e prix Visions du Futur 2014, organisé par le Club Présences d'Esprits.

  • « Joe Lahar et les mangeurs d'archées », Volcans, Association Gandahar, version papier et numérique (chez l'Ivre-Book).

Pas de résumés encore, mais j'ai vraiment, vraiment hâte de les lire ! (Je vous ai dit que j'étais fan ? ^^ )

Si vous en avez lu d'autres de ses nouvelles ou si vous avez un avis sur celles qui sont détaillées ici, racontez tout ça dans les commentaires ! \o/

lundi 14 juillet 2014

The Book Blogger Test

Je me suis aperçue avec une semaine de retard que Lullaby m'avait tagguée pour répondre au Book Blogger Test. Elle-même ayant été tagguée par Cindy Van Wilder.

So...

1) Le top 3 des choses qui t’exaspèrent concernant les livres ?
  • Les coquilles et les fautes. Ça me fait sortir violemment de ma lecture, ce qui est extrêmement désagréable. Et au prix des livres papier...
  • Les quatrièmes de couverture qui spoilent la moitié du livre et plus... je repose alors l'ouvrage en rayon, complètement dégoûtée. Le spoil, c'est le mal.
  • Les fétichistes du papier. Le livre a de multiples formes, inutile de fustiger l'une ou l'autre.

2) Décris l’endroit parfait pour lire
Euh... y en a tellement... mais l'idéal, c'est un salon de thé. Y a un brouhaha et une chaleur qui forment une sorte de cocon, et on peut avoir du thé et des gâteaux. Avec un chat, c'est parfait.

3) 3 confessions livresques
  • Je suis papivore. Si je ne lis pas régulièrement de la fiction, je deviens marteau.
  • Je raffole des histoires érotiques, voire porno. Même pas honte.
  • Je suis novelliste dans l'âme. Entre un roman et un recueil de nouvelles, le second aura toujours ma préférence.

4) La dernière fois que tu as pleuré en lisant
Comme je suis très bon public, y a l'embarras du choix... Mais la dernière en date, c'est en relisant pour la énième fois le recueil de one-shots de Mari Okazaki, Vague à l'âme (éd. Delcourt, 2006). Okazaki est ma mangaka préférée, et ce recueil, je pleure à chaque fois que je le lis. C'est l'un de mon top 10 à emmener sur une île déserte. Il est magnifique, et ça me fait penser que je voulais faire un article sur elle... *note sur sa liste*

5) Ton en-cas favori pendant que tu lis
Une belle grosse pomme. Ou plein de petites.
Mon père ne supporte pas les bruits de bouche à table, donc je n'ai jamais été autorisée à croquer dans une pomme en sa présence. Du coup, j'allais la manger dans ma chambre, avec un bouquin.
Sinon, le chocolat et le thé, c'est top.

6) 3 livres que je recommanderais à tout le monde
  • Fantômes et farfafouilles de Fredric Brown. L'un de ses recueils de nouvelles traduit en français. Un bijou. Presque un manuel du novelliste.
  • La parabole du semeur d'Octavia Butler. De la SF spirituelle et politique. C'est beau, c'est fort, on n'en ressort pas intact·e.
  • Skin: Talking about sex, class and literature de Dorothy Allison. Recueil de conférences et d'articles des années 1970-1990. Sur le féminisme, le lesbiannisme, l'écriture, la colère, la pauvreté... tout. Il a été traduit en français, mais pas de manière intégrale, et il est épuisé et quasi introuvable à un prix raisonnable...

7) Une image de ton étagère préférée dans ta bibliothèque
Je suis en plein déménagement... donc ça attendra ;)

8) Que signifient pour toi les livres en trois mots ?
Évasion. Confrontation. Amour.

9) Ton plus gros secret concernant la lecture ?
Franchement ? Entre sauver un être humain et un livre, je serais capable d'hésiter. (Après, bien sûr, ça dépend de la personne et ça dépend du livre...)

10) 5 bloggeuses/bloggeurs taggué·e·s en retour

vendredi 11 juillet 2014

Paris, Paris, je te quitte

Voilà, cet été je tourne toute une page de ma vie. En août, pour mes 29 ans, je quitte la région parisienne et Paname la grise.

Cet été, j'emménage à Lyon, capitale des Gaules.

Je vais regretter certaines choses, c'est vrai.

En premier lieu, le réseau des bibliothèques municipales, en particulier celle de Port-Royal, spécialisée en littératures SFFF, où j'ai lu et vu presque tous mes coups de cœur de ces dernières années.

La Bibliothèque nationale de France, aussi. Pourtant, je déteste ses murs anthracites, sa moquette rouge, ses lourdes portes, son air climatisé et ses multiples points de contrôle des sacs, des badges et des cartes d'accès. Mais les salles du Rez-de-Jardin K, L, M, R et S ont été mon second domicile durant les six années écoulées. Je connais par cœur ses interminables couloirs, ses toilettes à la propreté aléatoire, ses chaises inconfortables, ses tours de climatisations infernales, et son personnel en manque de soleil et de salaire convenable.
J'y ai aussi travaillé une année complète, en tant qu'agent technique de numérisation vacataire. J'ai vu l'envers du décor, et croyez-moi, ce n'est pas reluisant. Les fous-rires avec mes collègues me manqueront. Les délicieux desserts de la cantine aussi. Surtout, l'émerveillement toujours intact devant les collections qui envahissent le moindre espace libre. La BnF lutte pour trouver de la place.
De tout ça, j'en parlerai une prochaine fois, car il y a tant à dire sur les vieux livres...

Les musées. Les fameux musées, où toutes les expositions donnent envie de s'y précipiter, leurs affiches toutes plus alléchantes les unes que les autres. Combien de fois n'ai-je pas bavé devant, alors que je courais d'un métro à un autre, d'une urgence à l'autre, toujours pressée et anxieuse d'être à l'heure.
Toutes ces expositions que je n'ai pas vues.
Parce qu'à Paris, lorsqu'on arrive au vendredi soir, on est déjà tellement épuisée qu'on s'avachit dans un fauteuil, un lit, on s'étale sur le sol en mode carpette, et on ne bouge plus jusqu'au lundi matin, sauf si l'on a une soirée de beuverie programmée. Pas le courage d'affronter encore le métro, le bus, le tram, le RER. Plus que tout, pas le courage de se confronter aux gens, aux touristes et aux pigeons.

Paris-village. Il faut le reconnaître, Paname est belle. Lorsqu'on prend le temps et la peine de la parcourir, ses rues révèlent bien des coins charmants. Ces petites ruelles pavées à la végétation délicate, ces portes cochères anciennes, ces allées privées construites dans les années folles et qui arborent l'éclat de l'Art Déco, ces zones ignorées des touristes (mais jamais pour longtemps) où l'on peut dénicher street art et vieilles bâtisses. Ces quartiers soi-disant affreux et populaires où j'ai vu les plus beaux tags, les plus surprenants collages, des battles de danse improvisées, et où j'ai respiré des odeurs que même la banlieue ignore.

Malgré tout, Paname est cruelle, usante et irrespirable.

Près de onze millions de personnes y habitent et/ou transitent chaque jour. Les pigeons la couvent de leurs ailes grasses et de leurs déjections incessantes. La pollution noircit tout, jusqu'à vos sinus. Tout va vite, la foule est omniprésente, son mouvement effréné. La déambulation est un art que peu maîtrisent.
La vie est chère. L'immobilier est cher. La culture y est plus chère que ce qu'on pense.

Et, pire que tout, l'humeur est morose, agressive. Des altercations peuvent éclater à tout moment. Des agressions se produire sans que vous les voyiez arriver.
Paris est en guerre permanente avec elle-même et avec sa banlieue.
Les RER sont des frontières mobiles et les rancœurs germent tout du long.

Je suis née en banlieue parisienne, j'y ai grandi, j'ai rêvé d'habiter un jour cette capitale qui me paraissait si lointaine, si belle et enviable. La vie y serait forcément plus agréable, pensais-je.
J'ai vite déchanté.
Et aujourd'hui, je ne supporte plus cette ville.
Pourtant... elle me manquera.

Disons que je m'en éloigne pour mieux l'aimer.

jeudi 29 mai 2014

Dossiers "Momie" - Playlist

Comme beaucoup de gens, j'écris en musique. Et il me faut les bonnes musiques, celles qui vont me plonger dans la transe en accord avec l'histoire racontée.
Je n'aime pas, ou très rarement, les musiques dites "d'ambiance". Ou les B.O. de films composées pour eux.

Il me faut une pluralité d'univers et de genres, une nébuleuse harmonique dont moi seule peut déterminer le fil rouge, la tonalité commune.

Pour écrire le premier jet de La momie aux os d'argent, je me plonge régulièrement dans les musiques suivantes :
  • Neurosis, "A sun that never sets" et "Falling Unknown" (A Sun That Never Sets, Relapse Records, 2001).
Parmi mes deux titres préférées, tous genres confondus. La clé du cycle "momie" se trouve dans le premier cité...


  • MS MR, "Bones" (Secondhand Rapture, Columbia Records, 2013).
Aucun, mais vraiment aucun rapport avec la saison 3 de Game of Thrones. Que je n'ai pas vue.


  • Joseph LoDuca, "Tara's Dance" aka "Let The Spirit Move Me" (Xena, Warrior Princess, s4, 1998).

  • Le chant des fleuves : le Nil (2 CD, Harmonia Mundi, "Accords Croisés", 2012).

  • L'émission "Orienté" (animation : Guido Minisky, Le Mouv', jeudi de 23h30 à 00h30).

D'autres à venir, au fur et à mesure des découvertes...

jeudi 15 mai 2014

Retour de Lyon

Une fois n'est pas coutume, j'ai pris des vacances. Des vraies. Pas de famille et pas dans la famille. Chez une pote avec des potes. À Lyon.

J'y étais déjà allée deux fois par le passé, mais pour participer à un colloque et pour candidater à une allocation de recherche... je n'avais donc pas eu l'occasion de faire du tourisme. Lacune réparée !

Partie vendredi 9 mai matin et rentrée lundi 12 en fin d'après-midi. Et comme à chaque fois que je quitte Paris, j'aurais aimé que ça dure plus longtemps...

Lilie, une adorable auteure du forum CoCyclics, m'hébergeait avec une autre grenouille de la Mare. Ce fut un week-end "CoCy in ze city", avec un pique-nique au Parc de la Tête d'Or le samedi midi qui a rassemblé pas moins de quatorze grenouilles et une "+1", une tournée (courte) des brasseries le soir, du crapahutage sur la colline-qui-prie (la Fourvière) et la colline-qui-travaille (la Croix-Rousse), une dégustation de glace à la pâte d'amande (j'en salive encore) et des achats de thé chez Cha Yuan.

Évidemment, j'avais oublié mon appareil photo le vendredi dans mon sac chez Lilie, je n'ai donc pas pu photographier la ballade à la Fourvière. Par contre, j'ai mitraillé au parc samedi et dimanche sur la Croix-Rousse. Lilie et moi avons été surprises par la pluie, et nous nous sommes réfugiées dans un salon de thé où j'ai savouré mes premiers cupcakes.
Beaucoup de street art : des graffitis, mais aussi des montages et notamment un artiste qui avait découpé des disques vinyles pour en faire des personnages collés aux murs.
Les traboules, bien sûr.

Lundi, j'ai déjeuné avec une amie féministe universitaire. Ce fut épique, dans la mesure où j'ai bravement effectué le trajet à pied jusqu'à l'Institut des Sciences de l'Homme, légèrement déboussolée par le nombre de rails (métro, tram, bus semi-électriques...) et l'absence de pigeons hargneux.
Puis il a fallu l'extraire du colloque européen où sa directrice de thèse la faisait tourner en bourrique. Et enfin trouver un coin où manger tranquilles.

Le retour à Paris a été parfaitement déprimant. À peine sortie du TGV, j'ai été happée par la foule parisienne, toujours pressée, toujours stressée. Impossible de cheminer lentement, l'empressement collectif est contagieux. Il faisait froid, il pleuvait. Un maelström de bruit et de mauvaises odeurs.

Alors, si je peux, je crois que je vais partir habiter là-bas, et y préparer le concours de l'agrégation. Envie de changer d'air...


Le week-end en images :

L'allée des artisans (?) qui monte jusqu'au sommet de la Croix-Rousse.

Panorama depuis la Croix-Rousse, avec vue sur la colline de la Fourvière à droite.

Un escalier dans une cour entre deux traboules.

Dans une autre traboule, une touche de couleur urbaine.

Au sortir d'une traboule, les murs très saisissants d'un théâtre.

Au sortir d'une traboule, une petite maison recouverte de graffitis.

Même sortie de traboule. Au début, j'ai cru que c'était des Ents...


Quand les vinyles deviennent oiseaux, souris et feuilles...

Mes premiers cupcakes !

vendredi 2 mai 2014

Étape de printemps 2014

Petit point écriture. Le Camp NaNo d'avril a été un échec, pour diverses raisons évoquée rapidement ici.

J'ai commencé la rédaction de ma nouvelle pour le concours Vision du Futur : une histoire de lesbiennes sur Mars, bloquées dans un pseudo-phalanstère. Il s'agit d'une uchronie, où j'ai conservé la chronologie sociale et politique, mais où la technologie a avancé encore plus vite. L'humanité a marché sur la Lune en 1941, et se dispute le Projet Harmonie, censé installer en 1971 les premiers colons sur Mars.
Le titre provisoire est Les Guérillères Rouges.

J'ai le syno de ma nouvelle pour l'AT Volcans depuis environ un mois déjà, dont je n'ai pas encore écrit une ligne et qui s'intitule Le pleur des mornes.

Sinon, ça se bouscule dans ma tête pour une nouvelle de SF "hard science" sur la physique quantique (L'onde Ioana), et j'aimerais reprendre une ancienne nouvelle (Une comptine pour l'Éventreur) ainsi que corriger et réécrire Ahmès, qui attend patiemment dans le Port que je m'en occupe depuis février...

Sans compter ma novella - et challenge 1er jet - La momie aux os d'argent à avancer sérieusement, parce que mine de rien, on approche de la moitié de l'année, et j'en suis toujours au second chapitre...

Bref, mai et juin vont être chargés !


jeudi 1 mai 2014

Bilan du Camp NaNoWriMo avril 2014

Eh ben c'est l'epic fail.

Des 50 000 mots prévus initialement, j'avais déjà abaissé à 20 000 mots au bout de dix jours, en me disant que vu mon rythme, fallait être raisonnable. Je suis une tortue...

Sauf qu'avec une correction de traduction, le virus du 2048 et une bronchite, le mois d'avril a été assez encombré. Et si l'on rajoute une couche de démotivation et d'auto-dénigrement, on obtient le résultat de ce Camp NaNo : 2766 mots.

Je ferai mieux en juillet...


lundi 28 avril 2014

Liseuse, ma belle liseuse

Après des mois d'attente et le harcèlement occasionnel des employés de la Fnac, j'ai enfin dans les mains la liseuse Kobo Aura HD, couleur "ivoire" :


Plus grande que la plupart des autres liseuses du marché (175,7 x 128,3 x 11,7 mm), elle a aussi la meilleure définition, ce qui est appréciable lorsqu'on fatigue vite des yeux, et lorsqu'on aime les mangas (parce que oui, lire une bande-dessinée avec une résolution insuffisante, c'est pénible).

Par contre, le mode d'emploi est succinct... il m'a fallu 1/2h pour comprendre que le logiciel Kobo Desktop devait être installé sur mon ordinateur de bureau et non sur la liseuse, que je devais me créer un compte sur le site de Kobo, et enfin que ce logiciel ne permet pas d'importer dans la liseuse les ePubs déjà en ma possession... (ce dernier point m'a pris 45mn d'exploration enragée du logiciel, du manuel d'utilisation en ligne et de trifouillages divers et variés).

Bref, j'ai installé Calibre aujourd'hui en supplément sur mon ordi, et aucun problème pour importer le recueil du Collectif Hydrae Les mots du Petit Peuple et les n° 11, 12 et 13 du fanzine Univers d'OutreMonde.

Reste encore à coudre à ma belle liseuse toute neuve une toute aussi belle pochette : un grand merci à Roanne pour le lien du tuto de Ptitsy Moloko qu'elle avait indiqué dans un post de son blog, et qui va bien me servir... ! (D'autant que ma frangine, qui s'est achetée la même en février, compte sur moi pour lui en coudre une...)

J'attends le mois prochain pour commencer à acheter tous les romans et toutes les nouvelles que j'ai repérées en numériques, à savoir en priorité :
  • «Une boîte à musique» (n°28 d'AOC, mars 2013) et «Cuttle Feesh» (anthologie Vampire malgré lui, éd. du Petit Caveau) d'Alice B. Griffin ;
  • La couleur de l'aube d'Agnès Marot (éd. Armada) ;
  • L'Aube de la guerrière (éd. du Chat Noir, 2012) et Cinq pas sous terre (éd. du Petit Caveau, 2013) de Vanessa Terral ;
  • L'Après-dieux (éd. Griffe d'Encre, 2013) et Le Goût des cendres (éd. du Riez, 2014) de Maëlig Duval ;
  • Au Sortir de l'Ombre (éd. du Riez) de Lise Syven.

La LàL qui va s'ajouter à la PàL infernale... mais que voulez-vous, la lecture est une addiction sous-estimée.


vendredi 25 avril 2014

2048 vaincu !

Eh oui, ça faisait un moment que je tentais de réussir au 2048. Une véritable drogue.
J'ai fait celui des petits chats, des petits poneys, de Doctor Who, et bien sûr, celui de membres du forum CoCyclics... personnalisés d'après leurs challenges 1er jet.

Bref, ça y est, enfin, J'AI GAGNÉ !!!

La preuve en image :


Voilà, pas encore gagné à tous, ni complètement sevrée, mais un peu de jubilation, ça fait du bien !

Et vous, avez-vous déjà gagné au 2048 ?

vendredi 18 avril 2014

11 questions farfelues (mais pas tant que ça...)

Alors, il y a quelques jours Cindy Van Wilder a répondu aux 11 questions tagguées par Miss Caro Bleue Violette, dans un post intitulé "Liebster Award (où l'on parle bestioles, Harry Potter et confitures !)".
Comme je les ai trouvées rigolotes, je m'y colle !


1° Le métier insolite qu'enfant vous rêviez de faire ?
Présidente de la République. Oui, sans blague, quand j'avais 6 ans, je voulais devenir Présidente, pour résoudre le problème du chômage et que mes parents parlent enfin de trucs plus marrants à table (et que le JT du 20h soit moins déprimant). Sauf que deux ans plus tard, lorsque Balladur était Premier Ministre, j'ai entendu mon père expliquer que celui qui avait réellement le pouvoir de changer les choses, c'était lui. Du coup, changement de projet professionnel : à 8 ans, je voulais devenir Premier Ministre (toujours pour les mêmes raisons, en ajoutant "mettre fin à la guerre dans le monde" et "mettre fin à la pauvreté").
Depuis, je suis plus raisonnable. Je me contente de rêver d'avoir un job à plein temps, payé au-dessus du SMIC.


2°  Quel animal non domestique aimeriez-vous avoir si c'était possible ?
Les dragons c'est cool, mais ça risque beaucoup de cramer le mobilier... Ou alors un comme Falcor dans L'Histoire sans fin...
J'aimerais dire un Dodo, comme Thursday Next dans la série de Jasper Fforde... sauf que je suis allergique aux plumes...
Un petit poney comme Fluffle Puff, alors : il vibre et il fait des câlins. Son seul défaut, c'est d'être rose...



3° Votre onomatopée préférée ?
« Rogntudju ! », poussée de manière excédée par Prunelle après chaque bévue commise par Gaston Lagaffe.

J'aime aussi beaucoup les onomatopées du Gaffophone...



4° La plus belle ville du monde pour vous, c'est ?
Ouhlala... j'ai très peu voyagé, donc difficile de répondre... A priori je dirais Londres.
Oxford est très mignonne, mais a une dimension "cocon" que je trouve inquiétante...
Et dans mon souvenir, j'avais bien aimé Cologne (Köln, en Allemagne).


5° Vous êtes obligée de participer à une émission de téléréalité, pour laquelle optez-vous ?
MasterChef !!!
(Comment ça je suis une morfale ? >_> )


6° Votre confiture préférée ?
Il y en a tellement... mais une bonne confiture de myrtilles...
Ou de framboises... ou de poires... ou d'orange... ou de melon... ou de tomate verte... ou de figues...
Sans compter le coing, la mirabelle, la mûre, la fraise, la prune... Mmm... bon, j'arrête, vous m'avez comprise...


7° Vous avez la possibilité de ressusciter un auteur décédé, lequel réveillez-vous d'entre les morts ?
Rude choix... j'hésite entre Octavia Butler, Richard Matheson et James Barrie.
Non, soyons honnête cinq minutes : Arthur Conan Doyle, of course !



8° La chanson que vous chantez systématiquement sous la douche ?
Je ne chante jamais sous la douche. On me l'a formellement interdit étant petite, et vu l'insonorisation de mon immeuble, je n'oserais pas...
(Par contre, dans le bain... hihihi)


9° Votre Walt Disney favori ?
La Belle au bois dormant pour le dessin, La Belle et la Bête pour la grande bibliothèque, La Petite Sirène pour tout, et Basil Détective privé parce que Sherlock Holmes.



10° Keep calm and marry a Weasley… lequel choisissez-vous ?
Ex-aequo : Charlie pour la carrure et les dragons, et Ginny pour ses talents au Quidditch, ses longs cheveux et sa répartie mordante (même s'il lui faudrait dix ans de plus).


11° Si vous étiez un animal disparu, lequel aimeriez-vous être et pourquoi ?
Un chat égyptien, bien sûr !!!
(Parce que oui, figurez-vous qu'aujourd'hui encore, les égyptologues ignorent à quoi ces bestioles ressemblaient exactement et quels chats en sont les descendants... si descendance il y a eu.)


Voilà... et vous ?

mercredi 9 avril 2014

Changement de couleur

C'est officiel depuis ce lundi 7 avril : ma candidature pour devenir bêta-lectrice a été validée !
Je fais donc maintenant partie du groupe vert sapin du forum CoCyclics.
Joie est mon nom.

Pour celles et ceux qui se demandent ce qu'est la bêta-lecture, je reprends la définition de CoCyclics :
« La bêta-lecture est une lecture critique, c'est-à-dire, qu'elle cherche à mettre en valeur les points forts et les points faibles, qu'il s'agisse de formulation, de construction ou de sens profond du texte. »

Pour une présentation plus détaillée, c'est par ici.

Aussitôt mon statut changé, je suis allée explorer les eaux sombres de la Mare, et deux jours après, je n'ai pas terminé ! Elles sont très profondes, ces eaux... Et le cycle des romans est un bon morceau à avaler en termes de fonctionnement, etc.

Bref, je suis heureuse, je glousse et sautille partout depuis ce week-end (je ferai un billet sur Zone Franche bientôt), mais que de travail supplémentaire je viens de m'infliger toute seule...!

Si après on vient me dire que l'écriture fictionnelle, c'est un truc de feignasse, je sors ma catapulte et mon lance-flamme.

Je vous ai dit que j'étais heureuse ? Non ? Eh ben c'est fait, encore.


mardi 1 avril 2014

Camp NaNoWriMo avril 2014

Aujourd'hui commence le Camp NaNoWriMo !

Je m'y suis inscrite pour la première fois, afin de me booster un peu. Pour la majorité des grenouilles qui font régulièrement les NaNoWriMo, la méthode est efficace : pendant un mois plein, écrire jusqu'à 50 000 mots pour boucler un ou des projets.

Il est possible de se rassembler en cabines, où l'on peut papoter en ligner, s'entraider, etc.
Je partage ainsi une cabine avec d'autres grenouilles : Crazy, Sytra, Enola Deil et Macalys.

Le NaNo permet d'obtenir des statistiques d'écriture, et surtout, de se botter les fesses quand le Maléfique n'y parvient plus.

Je n'ai inscrit sur mon profil que mon challenge premier jet, mais en réalité, les objectifs de ce premier camp NaNoWriMo sont les suivants :
  • Avancer ma thèse (au point mort depuis 14 mois...)
  • Écrire le premier jet de deux nouvelles :
    * Le pleur des mornes (AT "Volcans" - fanzine Gandahar, date limite 1er juin)
    * Les guérillères de Mars [titre provisoire] (Concours "Visions du futur", thème "Banlieues rouges" - date limite 4 mai)
  • Mettre au point le synopsis de deux nouvelles :
    * une pour le concours René Barjavel (thème 2014 : "éco-système" - date limite 15 juillet)
    * une de hard science, mon défi personnel de l'année.

Pour retrouver mon profil NaNoWriMo et mes stats, c'est par ici !

samedi 15 mars 2014

Un monde de monstres

Il y a quelques temps, Élodie Serrano (vestrit) a posté un billet intitulé "Pourquoi j'écris" ; à la fin, elle a posé la question qui tue : "Et vous, pourquoi écrivez-vous ?"

En partie pour les mêmes raisons : parce que j'aime raconter des histoires. Lorsque je le fais à l'oral, j'aime voir les signes de satisfaction sur le visage des gens qui m'écoutent, leur air absent quand ils essaient de se représenter ce que je dis. Et à l'écrit... là c'est plus difficile, parce que j'ai repris l'écriture il y a peu, grâce à CoCyclics. Mais la joie est similaire, lorsqu'une bêta positive est faite sur une nouvelle, ou que des grenouilles s'enthousiasment sur le fil de mon challenge 1er jet ou sur ce blog.
Partager ces histoires, faire rêver, faire voyager... ailleurs.

Le premier point abordé par vestrit, l'ego, m'a laissée perplexe. Je n'avais pas envisagé la chose spontanément sous cet angle, mais il faut bien avouer qu'effectivement, l'écriture visant une publication est une affaire d'ego.

Là où je diffère, est la distinction entre "histoires" et "messages". Écrire des histoires à thèse(s) et écrire des histoires en ayant un ancrage politique, ça laisse une marge appréciable, je trouve. Une troisième voie entre l'apolitique et le militantisme à gros sabots.


J'ai essayé, dans un premier brouillon, d'expliquer ça de manière impersonnelle et pas trop pédante. Mais ça revient à nier des années de formatage universitaire.
Pompeuse et ridicule je serai donc...
Pour me jeter des tomates, faites-vous plaisir avec les commentaires !


En premier lieu, je peux m'appuyer sur un billet de Silène de décembre 2013 "Au lieu de voir un seul monde". Elle y revient sur une discussion avec Paul Beorn au sujet de l'écriture : être auteur·e, c'est «vivre en saisissant chaque fragment intéressant de la réalité pour en faire le matériau de l'écriture».
Silène achève son billet sur une longue et belle citation de Marcel Proust.
Malgré tout l'amour que j'ai pour cet écrivain, c'est pour ma part d'abord vers un philosophe que je vais me tourner : l'Américain Stanley Cavell, et son introduction au recueil d'essais À la recherche du bonheur*.

Dans cette introduction à un livre de philosophie du cinéma, Cavell développe une analyse de l'expérience esthétique, de la rencontre avec une œuvre, comme étant l'apprentissage d'un "contrôle de sa propre expérience" :
«consulter sa propre expérience et la soumettre à l'examen et, de surcroît, s'arrêter pour un instant, se détacher de ce qui était votre soucis à cet instant-là et dégager votre expérience de ses sentier battus, prévisibles, pour qu'elle se trouve, qu'elle trouve sa propre voie : rester sur le qui-vive. La morale de cette pratique, c'est qu'il faut éduquer votre expérience suffisamment pour qu'elle soit digne de confiance. »
« sans cette confiance en notre expérience, qui s'exprime par la volonté de trouver des mots pour la dire, nous sommes dépourvus d'autorité dans notre propre expérience. (…) À mon sens, cette autorité, c'est le droit de vous intéresser à votre propre expérience.»
En tant qu'auteure, j'applique cette approche à mon expérience du monde, à mes lectures de ce monde. Je les confronte à celles des autres, je les défends, je reviens dessus, etc.
Surtout, je les raconte.
Je n'accepte pas de me faire déposséder de mon expérience ni de mes mots. Peut-être d'ailleurs est-ce là l'ego évoqué par vestrit : en tant qu'auteure, j'estime avoir un monde à offrir. Non pas "offrir le monde", mais bien "un monde", celui où je vis et tel que je le vis, dont je me nourris et dont j'entends proposer une lecture, une interprétation.
Pour ce faire, je sais d'où je parle et à qui je m'adresse (à défaut de savoir qui me lira).


J'en arrive à la deuxième référence incontournable pour moi : Dorothy Allison.
Je pourrais vous faire tout un topo sur l'épistémologie féministe et le concept de "point de vue situé" qui en a émergé ces vingt et quelques dernières années. Mais je préfère de loin vous parler d'une auteure et militante lesbienne, américaine elle aussi, dont les textes m'ont bouleversée et énormément aidée à une époque où je n'avais plus foi dans les livres, ni vraiment envie de vivre.

Un recueil d'articles et de conférences de Dorothy Allison a paru au milieu des années 1990 : Skin: Talking about Sex, Class & Literature**. Ces questions de l'expérience, de l'envie d'écrire, du style etc. sont présentes dans tout le recueil. Deux de ces textes les concentrent néanmoins particulièrement : "Believing in Literature" et "Bertha Harris, a memoir".

Dans le premier texte, elle réaffirme ce que vous savez déjà, mais à quoi peu se confrontent réellement : pour écrire de bonnes histoires, nous devons être capables de définir ce que nous entendons par "bonnes histoires" (good fiction).
Pour résumer et simplifier, la bonne littérature selon elle, est celle qui ne se pose aucune censure et qui cherche à dire la vérité. Autrement dit : «La littérature est le mensonge qui raconte la vérité». Une démarche qui ne s'épargne pas la douleur qu'elle peut causer chez son lectorat. «Prendre la lectrice à la gorge, briser son coeur, et le guérir à nouveau.»
L'écriture et la littérature comme «une raison de croire, une manière de prendre le monde à la gorge et d'affirmer avec insistance que cette vie dépasse ce nous avions jamais imaginé.»

Dans le second texte, elle rend hommage à une féministe lesbienne des années 1960-1980 : Bertha Harris. Auteure du fameux article : "The Purification of Monstrosity : The Lesbian as Literature", Harris a aussi animé de nombreux ateliers d'écriture féministes. D'après Harris (qui cite Freud) : «Les écrivains écrivent pour trois raisons : la gloire, la fortune et l'amour des belles femmes.» La littérature n'est pas faite par de gentilles filles, mais par des garces, des chieuses, des enragées qui insistent et persistent.
«Osez être monstrueuses. Le monstre est femelle, sauvage, dangereux, un héros et un criminel dans une seule et terrifiante chair – un ennemi de la culture de la bite qui tente de tout réduire à la matérialité hétérosexuelle.»

Pourquoi ces deux détours ? Peut-être pour me sentir autorisée à dire que si j'écris, c'est parce que j'ai quelque chose à dire.
Pas un message estampillé politiquement, certes. Une volonté utopique cependant de changer le monde, de bouleverser les lectrices et lecteurs, au sens fort du terme.
Le "pourquoi" j'écris est indissociable du "comment".
Mes intrigues et mes personnages prennent racine dans ma propre histoire et dans mes convictions politiques, dont la plus importante n'est rien moins que le mot d'ordre du MLF : «le personnel est politique».
Et c'est pour ça que mes personnages ne sont jamais des silhouettes indéfinies, dont les caractéristiques ne sont signalées que si, et seulement si, elles ont un rôle précis dans l'intrigue.
Mes personnages ne sont pas masculins, blancs, hétéros et athés par défaut.
Tout a son importance.



Malgré ça, j'ai déjà reculé, par peur de froisser ou de ne pas m'exprimer "correctement". Je m'en suis beaucoup voulue, de ne pas avoir osé expliquer, de ne pas avoir pris le risque de retravailler le passage concerné pour le rendre plus intelligible, sans renier sur ce qu'il signifiait pour moi. Je l'ai purement supprimé.
Je ne le referai plus.


J'ai récemment lu des poèmes d'Aimé Césaire***, et dans le texte servant de préface au recueil, il exprime tout cela très bien :
«En nommant les objets, c'est un monde enchanté, un monde de monstres, que je fais surgir sur la grisaille mal différenciée du monde ; un monde de puissances que je somme, que j'invoque et que je convoque.»

Le monstre est la créature qui, étymologiquement, fait apparaître, rend visible.
Césaire, Cavell, Harris et Allison clament en définitive la même chose : pour raconter le monde et pour écrire de bonnes histoires, il faut être monstrueuses / monstrueux.
Et je ne souhaite rien de moins.

(Il faut donc croire que, oui, j'ai de l'ego...)


* CAVELL Stanley, À la recherche du bonheur, Hollywood et la comédie du remariage, (1981), trad. Ch. Fournier et S. Laugier, Paris, L’Étoile, coll. "Cahiers du cinéma", 1993.
** ALLISON Dorothy, Skin: Talking about Sex, Class & Literature, London, Pandora, 1995.
Il a été traduit en français ; malheureusement, sa traduction n'est pas intégrale, et elle est devenue très difficile à trouver.
*** CÉSAIRE Aimé, La Poésie, Le Seuil, 2006, p.5.

samedi 8 mars 2014

Dossiers "Momie" - n°2 Les féminismes (spéciale 8 mars 2014)

Eh oui... j'avais promis un topo sur les couleurs et la théologie du Nouvel Empire égyptien, mais aujourd'hui, ce sera un dossier "spécial 8 mars" : les féminismes dans la série des aventures d'Andrée Tenda.

Si vous vous souvenez bien, j'avais précisé dans les fiches personnages qu'Andrée et sa petite sœur Renée sont toutes deux féministes, quoique de courants différents.

Mouvances féministes au tournant du siècle (années 1880-1910)


Andrée se rattache à un féminisme certes militant, mais modéré dans ses actions, mené entre autres par Marguerite Durand. Cette dernière a fondé plusieurs Sociétés et journaux féministes, dont La Fronde en 1897, où j'ai donné un poste de correspondante scientifique à Andrée. Le féminisme de ce courant là est engagé pour une réforme des conditions de travail des femmes, de leur libre disposition de leur salaire, du suffrage universel qui doit enfin l'être réellement, etc. Présent sur les scènes politique et littéraire, il s'agit d'un féminisme qui lutte avec "les outils du maître", pour reprendre les termes d'Audre Lorde. Ce qui convient assez au personnage d'Andrée, que son don médiumnique ne prédispose pas particulièrement à la violence ni à la radicalité.

Marguerite Durand, 1910.
Marguerite Durand, 1910.

Renée, la frangine, appartient quant à elle à un courant féministe de l'époque beaucoup plus radical, et moins sympathique par certains aspect. Il s'agit du féminisme suffragiste et activiste mené par Hubertine Auclert, elle aussi fondatrice de plusieurs Sociétés et journaux militants. Elle avait par exemple refusé de payer ses impôts, arguant qu'il était injuste que l'État lui pique ses sous alors qu'il ne lui reconnaissait même pas le droit universel de vote.
Les féministes qui suivaient la ligne dictée par Hubertine Auclert ont mené de nombreuses actions d'éclat, allant de l'inondation de tracts des députés (elles s'étaient introduites dans le Sénat) à des manifestations non autorisées, en passant par la démolition symbolique d'une urne en pleine campagne municipale parisienne, en 1908.
L'aspect moins sympathique du féminisme d'Auclert, est son antisémitisme. Renée, à l'instar de son modèle, est farouchement antisémite et nationaliste, en bonne disciple d'Édouard Drumont. C'est donc un personnage assez ambivalent, qui sera difficile à écrire. Heureusement, elle n'apparaît pas (en théorie) dans le tome 1 de la série, mais commence à faire des siennes dans le tome 2.

Hubertine Auclert, 1910.
Hubertine Auclert, 1910.

Impact sur l'univers de La Momie aux os d'argent


Les personnages :
Andrée Tenda est féministe à plusieurs titres. Elle ne se laisse pas faire, elle ne laisse personne lui couper la parole ou s'exprimer à sa place, elle n'entretient aucune illusion sur le machisme de la société française et sur la violence des rapports de domination entre hommes et femmes, et entre classes sociales.
Politisée, elle se considère comme citoyenne à part entière, et refuse l'infantilisation économique et intellectuelle. Elle insiste pour signer ses articles de son nom et gère elle-même ses revenus.
Sur ce point, je dois reconnaître que je me suis facilité la tâche en en faisant une veuve. Ainsi, la question de la gestion de ses finances se trouvait réglée... parce que oui, en 1902, les femmes n'ont pas le droit de disposer de leur salaire à leur guise, et ne peuvent signer un chèque sans l'accord exprès de leur mari ou de l'homme dont elles dépendent (père, tuteur, etc.).

Les relations d'Andrée avec l'écrasant majorité de personnages masculins de La momie sont en conséquence très tendues. Elle doit souvent rappeler les hommes à l'ordre, les dissuader de toute galanterie ou de toute discrimination. Le fait que ses consœurs en Égypte, dans le tome 1, soient peu politisées et d'un féminisme moins que tiède, ajoute à l'énergie qu'elle doit déployer pour maintenir une atmosphère respirable selon ses critères.

La franc-maçonnerie et la Loge Théosophique :
Je me suis inspirée ici de la Société du Droit Humain, co-fondé par la féministe Maria Deraisme, première Société franc-maçonnique française mixte.
Je suis encore en pleine documentation sur le sujet, donc je complèterai cette partie de l'article plus tard...

Les vêtements :
Là, c'est un pur bonheur. La Belle Époque côté féminisme, c'est l'explosion de la mode des bloomers, ces pantalons très larges que portaient les cyclistes (quasiment des jupes-culottes) et que la société supportait à grand-peine (il y avait des décrets qui limitaient le port de bloomer aux cyclistes, et encore fallait-il qu'un vélocipède soit présent en cas de contrôle policier).

Femmes en bloomers à vélo.

C'est aussi le développement des tailleurs pour femmes, dont l'une des égéries est la biologiste Madeleine Pelletier, butch fin-de-siècle par excellence. Les activistes rivalisent d'élégance, quand elles n'arborent pas les chapeaux ébouriffants que vous pouvez voir sur les photos ci-dessus, et les robes à corsets coupés, tournures et moumoutes de toutes sortes.

Madeleine Pelletier
Madeleine Pelletier

Andrée est dessinatrice et égyptologue, et de manière pragmatique autant que féministe, elle porte donc des bloomers et des pantalons, réservant les robes aux trajets dans les transports publics et à ses séjours à Paris.

vendredi 21 février 2014

La romancière, l'archéologue et le chat - interlude

Comme noté précédemment, pour les besoins documentaires de ma novella La momie aux os d'argent et par curiosité, j'ai lu La romancière et l'archéologue d'Agatha Christie*.
En cours de lecture, je suis tombée sur ce passage désopilant, à propos d'un chat particulièrement professionnel et sévère. Alors comme ma rédaction de la novella et de la nouvelle Ahmès, née de la Lune, et des billets documentaires promis sur la Mare se font attendre, je vous offre en interlude cette rencontre avec M. le Chat.

Notre chat fait son apparition après le dîner. Je ne l'oublierai jamais. Hamoudi a raison, il est très professionnel. Il sait pourquoi il a été engagé et se met au travail avec toute l'adresse d'un spécialiste. Pendant que nous dînons, il se tient en embuscade derrière une valise. À chaque fois que nous parlons, bougeons ou faisons un peu trop de bruit, il nous lance un regard impatient.
«Je vous demande impérativement d'être calmes, pouvons-nous lire dans ses yeux. Comment puis-je travailler sans votre coopération ?»
Il a l'air furieux, et nous obéissons immédiatement. Nous nous mettons à murmurer et à manger en évitant le plus possible de faire tinter nos verres contre nos assiettes.
Par cinq fois au cours du repas, une souris surgit de son trou et se met à courir à travers la pièce, et par cinq fois notre chat bondit. La sanction est immédiate. il ne folâtre pas à l'occidentale, ne joue pas avec sa victime. Il se contente de lui arracher la tête, puis il la croque avant d'avaler le reste du corps. C'est plutôt horrible à voir, d'une précision toute chirurgicale.
Le chat nous tient compagnie pendant cinq jours. Passé ce délai, plus une souris à l'horizon. Puis le chat nous quitte mais les souris restent invisibles. Je n'ai jamais connu, avant ou depuis, un chat aussi compétent. Nous ne l'intéressions nullement, il n'a jamais demandé de lait ni à partager notre nourriture. Il était froid, scientifique et impersonnel. Un chat très accompli !

(Il va sans dire qu'Ahmès est une chatte plus chaleureuse, bien que tout aussi efficace lorsqu'il s'agit de protéger son humaine, Andrée Tenda, ou d'exécuter les instructions des dieux et déesses.)

* CHRISTIE Agatha, La romancière et l'archéologue : mes aventures au Moyen-Orient (1930-1939), 1946, Paris, éd. Payot & Rivages, 2006.

vendredi 14 février 2014

La vie pendant la Saint-Valentin

Je ne vous parlerai pas vraiment de la Saint-Valentin. Parce qu'honnêtement, je n'en ai personnellement pas grand-chose à carrer. Les fêtes commerciales ne me dérangent pas et la vie de couple exclusif, ce n'est pas ma tasse de thé, donc bon...

Pourtant, en ce vendredi de Saint-Valentin, c'est bien d'une histoire de couple qu'il s'agit ; à la fois exceptionnelle dans ses détails et ordinaire dans sa conclusion.

Si vous ne vivez pas dans une grotte, et que vous avez un minimum la fibre féministe, vous avez forcément lu des articles sur le procès qui s'est tenu en début de semaine à la Cour d'assises des Bouches-du-Rhône.
Le 12 février 2014, cette dernière a rendu son jugement, et il est insatisfaisant, écœurant et malheureusement représentatif.

Dans un communiqué publié en cette Saint-Valentin, intitulé R. Schembri : 10 années de réclusion théoriques pour 32 ans de tortures réelles, l'AVFT (Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail) nous détaille succinctement le déroulement du procès, et analyse brièvement le verdict (une analyse plus poussée est annoncée dans les notes de fin de page).

Piquouse de rappel :
Colette, 70 ans aujourd'hui, ex-épouse de René Schembri, échappe à ce dernier en 2002, en prenant la fuite, après 32 années de tortures et de violences conjugales.
S'ensuivent 12 ans de procédures judiciaires : divorce, plainte pour tortures et actes de barbarie ayant entraîné des infirmités et des mutilations permanentes, demande d'indemnisation des frais judiciaires et des préjudices subis, etc.
L'AVFT a soutenu Colette pendant les deux ans qu'a duré la préparation du procès aux Assises. Le courage de Colette et de sa fille aînée, ainsi que la qualité du travail de l'AVFT, méritent amplement d'être soulignés et admirés.
Comme la liste des motifs d'accusation est particulièrement insoutenable, je vous renvoie aux articles de l'AVFT et à leur lettre à l'intention de la Garde des Sceaux Mme Taubira, et me contente de les résumer ainsi : violences physiques, viols, mutilations, coups ayant entraîné la perte de fonctions et de parties anatomiques.

Les enjeux (et là encore, je reprends les analyses de l'AVFT) :
  • La responsabilité des tiers (témoins, famille, etc.) et notamment du corps médical, qui a soigné Colette pendant des années sans jamais s'étonner de ses explications invraisemblables.
  • La reconnaissance des viols : que la Cours d'Assises n'a pas satisfaite. Les viols ont été requalifiés en violences volontaires et en "relations sexuelles imposées". Ce qui a eu pour conséquences : 1° de nier la réalité des viols en tant que crimes distincts, et 2° d'éviter à M.Schembri la prison à perpétuité.
  • Les critères de prescription des crimes et délits : 29 ans de violences, viols et tortures ont échappé à l'accusation au prétexte qu'ils étaient prescrits. Or, comme le souligne l'AVFT : «L'un des fondements de l'opposition à l'imprescriptibilité des crimes est le dépérissement des preuves dans le temps. Or cette procédure démontre que cet argument n'est pas recevable. La preuve des tortures endurées par Colette est en effet inscrite sur son corps.»

Verdict :
10 ans de réclusion criminelle. Mais "théorique", pour reprendre l'expression de l'AVFT. Pourquoi ?
Parce que M.Schembri a déjà fait 4 ans de détention préventive. Il a aussi droit à des remises de peine automatiques (d'autant qu'il avait un casier judiciaire vierge auparavant).
Après 32 ans de violences et de crimes, M.Schembri a le droit de demander sa libération conditionnelle dans 2 ans.

Alors si comme moi, cette condamnation vous fait vomir par sa légèreté, si le combat de Colette et sa fille aînée vous émeut, si la négation et la disqualification des violences envers les femmes vous rendent dingue : parlez-en.
Soutenez l'AVFT.
Transférez, faites suivre, publiez sur votre blog, votre page Facebook, Twitter, que sais-je encore, les communiqués de l'AVFT et le compte-rendu du jugement.

Et surtout, surtout, ne pratiquez par l'indulgence envers les agressions sexuelles, même les plus minimes.
Rappelez-vous : la loi n'est pas de notre côté, ou si rarement.
L'impunité des agresseurs est encore chose courante.
La disqualification des violences, la légèreté des peines, sont choses communes.

Aujourd'hui c'est la Saint-Valentin. Mais j'ai juste envie de pleurer. Et ça n'a rien à voir avec l'amour.

jeudi 6 février 2014

Notes de lecture : Bilan de janvier

Petit bilan mensuel, qui ne comprend pas les lectures faites à titre de documentation (voir les "dossiers documentaires"). Comme souvent : peu de coups de cœur, quelques abandons, une ou deux déceptions.
Et comme je me suis inscrite sur Babelio.com afin de ne plus perdre le fil de mes lectures et de partager ma bibliothèque avec mes ami·e·s (pour le moment il n'y a que fanifanette, mais je ne désespère pas d'y trouver d'autres grenouilles et autres potes), je vous mets les liens vers les fiches de l'interface.

Romans

  • BRITE Poppy Z., Le corps exquis, trad. fr., J'ai Lu, 2005. [Fiche Babelio]
    Il fait partie des abandons à regret : je l'avais emprunté en bibliothèque, et après l'avoir prolongé une fois, j'ai réalisé que je n'arriverai pas à le lire tranquillement. Ce n'est pas un enchevêtrement d'histoires très joyeuses, et c'est suffisamment (très) bien écrit pour que je ne lui fasse pas l'affront de le lire en diagonale. Il est sur ma pile des "à reprendre", et "à chroniquer".
  • CHRISTIE Agatha, La romancière et l'archéologue : mes aventures au Moyen-Orient (1930-1939), 1946, Paris, Payot & Rivages, 2006. [Fiche Babelio]
    Je n'ai jamais été une fan des romans policiers d'Agatha Christie. Hercule Poirot et Miss Marple, très peu pour moi (tout mon amour va à Sherlock Holmes).
    Mais ce roman n'en est pas un : c'est une autobiographie littéraire (romancée un chouïa, si vous préférez) des fouilles menées en Syrie par Agatha Christie et son jeune second mari, archéologue de profession. C'est délicieusement ironique et ça donne un aperçu très vivant de la chasse aux antiquités au début du XXe siècle.
  • YOUNG Sandra, La rue sans nom, trad. fr., Syros, 1982. (chronique en cours) [Fiche Babelio]
    Ce roman est une relecture, la quatrième si je ne me trompe pas. Le livre est aujourd'hui quasiment introuvable, et c'est fort dommage. Je suis tombée dessus par hasard dans la bibliothèque municipale de mon adolescence, il y a quoi... entre douze et quinze ans, et ça a été un choc.
    Racisme, violences sexuelles, avortement sauvage... c'est le genre de livre dont on ressort moins bête et qui vous file un curieux mélange de tristesse et de rage au ventre. J'en dirai plus dans une chronique, comptez là-dessus.

Séries

  • HAMILTON Laurell K., Anita Blake, tome 16 : Sang noir, trad. fr., éd. Milady, 2013. [Fiche Babelio]
    Parce que oui, je ne désespère pas d'un jour retrouver la qualité des six premiers tomes. Et vu l'évolution des tomes 15 et 16, je m'obstine. On quitte peu à peu le terrain de la luxure excessivement détaillée pour celui - bien plus intéressant - du combat métaphysique entre Anita et Marmée Noire, et le conflit des souches métamorphes chez Anita.
  • VAUGHAN Elizabeth, L'épopée de Xylara, Tome 1 : Captive, trad. fr., J'ai Lu, 2008. [Fiche Babelio]
    Emprunté par défaut (je voulais les Kitty Norville, mais hélas, je suis loin d'être la seule...), je le dis d'emblée : c'était sympa, mais je ne lirai pas la suite. Le malentendu culturel sur lequel se développe la relation entre Xylara et Beau Mâle est assez bien trouvé et exploité, l'immersion d'une étrangère dans une société quasiment à l'opposé de la sienne en contexte de guerre est elle aussi assez bien décrite.
    Mais la fantasy, c'est pas tellement ma tasse de thé, même si je ne rechigne pas à en lire régulièrement. Ensuite, les héroïnes qui s'épanouissent dans les bras de beaux mâles musclés et bien montés, ça commence à me fatiguer. Et le féminisme à gros sabots, encore plus.


Mangas

  • MIZUNO Junko, Hansel et Gretel, trad. fr., IMHO, 2005. (chronique en cours) [Fiche Babelio]
    Ce manga est l'un de mes rares coups de coeur de janvier. Sans surprise, d'ailleurs. Il rejoint ma collection de réécriture de contes par Junko Mizuno, mangaka et artiste déjantée, dont le style kawaï gore perturbe de manière jouissive les histoires délavées par Walt Disney.
    Une chronique des trois mangas en cours pour LLM, donc ce n'est pas mon dernier mot...

Nouvelles

  • Collectif Hydrae, Cascade de mots : le Petit Peuple, parution le 31 octobre 2013. [En ligne] (chronique en cours)

Revues / Webzines / Fanzines

  • Bifrost, n°67 et n°70.